Déploiement de la capture, du stockage et de la valorisation du carbone (CCUS) en France
Levier de décarbonation, les technologies de capture, stockage et valorisation du carbone (CCUS) visent à réduire les émissions des secteurs sans autres alternatives. L’État publie ce jour un document dressant l’état des lieux et les perspectives de déploiement du CCUS en France.
En quoi consistent la capture, le stockage et la valorisation du carbone ?
Le Carbon Capture, Utilisation and Storage (CCUS) se réfère à un ensemble de technologies visant à capturer les émissions de dioxyde de carbone (CO2) pour les injecter et les stocker dans des formations géologiques adaptées et éviter qu’elles soient relâchées dans l’atmosphère où elles contribuerait au réchauffement climatique ainsi qu'à les utiliser comme ressources pour la fabrication de produits.
Le CCUS implique une succession d’étapes :
- La capture. Sur un site industriel, le CO2 issu du processus industriel est extrait et concentré ;
- Le transport. Une fois capté, le CO2 est acheminé vers des lieux de stockage ou d’utilisation (situés en mer ou sur terre) par canalisations, bateaux ou encore, dans le cas de volumes plus réduits, en trains, camions, etc.
- Le stockage. Le CO2 est injecté sous forme dense dans des structures fermées (bassins sédimentaires, anciens gisements d’hydrocarbures déplétés, etc.) afin d'être stocké de manière sûre et permanente en sous-sol.
- La valorisation (ou « utilisation »). Alternativement au stockage, cette étape consiste à utiliser le CO2 capté pour la fabrication de produits.
Ces technologies arrivent à maturité : plusieurs projets commencent déjà à être déployés à l’échelle industrielle mondiale et notamment en Europe. En France, des projets de démonstrateurs industriels CCUS existent pour le captage et stockage de CO2.
Le CCUS : un levier de décarbonation majeur pour atteindre la neutralité carbone
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), dans son évaluation des trajectoires permettant d’atteindre des émissions mondiales net zéro de CO2, condition clé de la stabilisation du réchauffement planétaire, évalue le rôle de la capture et séquestration du carbone comme une option crédible pour contribuer à la réduction des émissions provenant de grands systèmes industriels ou énergétiques. Le GIEC estime également que le déploiement du CCUS est à ce jour largement inférieur à celui cohérence avec une limitation du réchauffement sous deux degrés.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) considère que ces technologies permettraient de réduire d’environ 10% les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) à horizon 2050. L’intérêt de recourir au CCUS pour lutter contre le changement climatique a également été acté dans la décision de la COP28 qui s’est tenue à Dubaï en décembre 2023.
Au niveau européen, le règlement Net-Zero Industry Act (NZIA) fera du CCUS une option stratégique clé pour l’atteinte de la neutralité carbone à horizon 2050, au même titre que l’hydrogène, les énergies renouvelables électriques et le nucléaire. Ce cadre prévoit le développement de 50 millions de tonnes de capacité annuelle de stockage géologique de CO2au sein de l’Union européenne d’ici 2030 et des obligations pour les producteurs d’hydrocarbures de contribuer à l’atteinte de ces objectifs.
Au niveau français, les premières orientations stratégiques du déploiement du CCUS, publiées en juin 2023, ont fait l’objet d’une consultation publique et d’un avis du Haut conseil pour le climat, confortant l’approche française en matière de capture, stockage et valorisation. Publié le 4 juillet 2024, le document « État des lieux et perspectives de déploiement du CCUS en France » constitue la suite des travaux entrepris en 2023.
Quelles sont les perspectives de déploiement de la capture, du stockage et de la valorisation du carbone en France ?
Le CCUS a vocation à être mobilisé prioritairement pour décarboner les grands sites industriels émetteurs, couverts par les marchés du carbone européen (EU-ETS), notamment pour les industries du ciment, de la chimie, de l’acier et de l’aluminium.
Le recours à cette technologie est particulièrement adapté pour capter et stocker les émissions résiduelles incompressibles de l’industrie, en l’absence d’autres solutions de décarbonation techniquement et économiquement pertinentes, en cohérence avec les recommandations internationales et européennes.
Les objectifs ambitieux de la planification écologique en matière de décarbonation et de souveraineté industrielle impliquent de déployer rapidement les premières chaînes CCUS au niveau des grandes zones industrielles et de capter le carbone provenant d’autres secteurs d’activités ainsi que d’émetteurs plus diffus.
Des phases de déploiement progressifs du CCUS apparaissent pertinentes, à commencer par de premiers déploiements sur la période 2025-2030 pour capter de 4 à 8 millions de tonnes de CO2 par an dans l’industrie, notamment au niveau des hubs industriels portuaires du Havre, Dunkerque, Saint-Nazaire et de l’axe Rhône.
Un cadre d’action publique pour accompagner le développement de CCUS en France devrait reposer en premier lieu sur :
- Un soutien financier au captage de carbone sur les sites émetteurs (voir la consultation publique sur le site de l’ADEME) ;
- Une régulation adaptée pour les infrastructures de transports (« carboduc ») ;
- Le développement et la diversification de capacités de stockage.
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