Portraits de femmes de la DGE #30 : Constance Maréchal-Dereu
La DGE met à l’honneur les agentes actuelles et passées qui font la direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Constance Maréchal-Dereu, cheffe du Service de l’industrie (SI).
Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?
Je suis ingénieure de formation et j’ai toujours été à la recherche de postes où il faut trouver l’équilibre entre le développement économique et les enjeux actuels (environnement, sécurité, etc.) tout en étant en lien avec des produits physiques dont j’aime le côté concret. Cela m’a conduit à la Direction générale de la Concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur des sujets agricoles avant d’intégrer une première fois la DGE en 2012, au Service de la compétitivité, de l'innovation et du développement des entreprises (SCIDE) sur la sécurité des produits industriels. Je travaillais en lien avec le Service de l’industrie (SI) et j’ai depuis gardé en tête tout l’intérêt que présentait ce service pour le développement économique des différentes filières industrielles. Alors, quand l’opportunité s’est présentée, je l’ai saisie et je suis revenue à la DGE à l’automne 2023. Ce poste me permet de contribuer au développement, à la relocalisation et au verdissement de l’industrie en France.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?
J’apprécie de travailler en équipe, d’animer et de construire ce collectif. Je trouve très agréable d’échanger, partager et trouver des solutions avec mes collègues. Ensemble nous sommes meilleurs. J’aime également contribuer au renforcement de l’industrie en France, pour en faire un secteur puissant et créateur d’emplois de qualité. L’industrie est au service des citoyens et répond aux besoins des Français comme se nourrir, se déplacer ou encore utiliser de l’énergie pour se chauffer. C’est une fierté de se dire que nous aidons à ce que différents produits utilisés au quotidien par tous les Français puissent être fabriqués en France en créant de la valeur. Nous sommes toujours stimulés.
Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?
Dans une certaine mesure, je ne suis pas la plus à l’aise avec le sujet. J’ai toujours évolué dans des milieux techniques et scientifiques où les femmes sont moins nombreuses que les hommes. J’ai plusieurs fois été la seule femme en réunion mais je n’y ai jamais fait attention et ne le remarquais que si on me le signalait. C’est peut-être idéaliste mais je ne vois pas pourquoi être une femme ou un homme devrait changer quoi que ce soit. Je n’attends pas de mes collègues qu’ils me traitent différemment parce que je suis une femme. Le sujet sera clos le jour où l’égalité professionnelle ne sera plus le centre des attentions parce qu’elle aura été démocratisée et qu’il sera normal qu’il y ait autant de femmes que d’hommes dans tous les secteurs et à tous les postes – et cela dans les deux sens.
Pendant toute ma carrière, je me suis avant tout posé des questions sur l’équilibre entre les vies personnelle et professionnelle. J’ai constaté que mon mari se posait les mêmes, et pas d’une manière différente parce que c’est un homme. Je pense que si j’avais été un père plutôt qu’une mère, ma démarche et mes envies auraient été identiques, que j’aurais voulu voir mes enfants tout autant et dîner avec eux le soir, par exemple. Selon moi, les questions relatives à l’équilibre entre les vies personnelle et professionnelle ne devraient pas concerner que les femmes. Même si ce sont elles qui s’interrogent encore le plus à ce propos, je remarque que de plus en plus de jeunes pères recherchent aussi cet équilibre.
Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?
Oui, je le constate notamment avec les objectifs de parité et les quotas mis en place. Aujourd’hui, il y a plus d’opportunités pour que les femmes puissent accéder à des postes à responsabilités dans les milieux aux viviers encore majoritairement masculins. Avec le syndrome de l’imposteur, il faut parfois se convaincre que nous avons obtenu un poste grâce à nos compétences et pas uniquement en raison de notre genre.
Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?
Il y a beaucoup d’efforts qui sont faits par la DGE et le ministère. Pour moi, le véritable enjeu est d’équilibrer les viviers et cela se passe en amont : il faut inciter les filles à s’orienter vers les filières scientifiques mais par symétrie aussi les garçons vers les métiers du secteur social, des ressources humaines ou encore de la communication. Du côté des métiers techniques, nous devons valoriser plus la place des femmes pour donner envie aux filles d’étudier les sciences nécessaires pour accéder à tout une palette de métiers. Sur certaines fonctions, nous n’avons malheureusement pas ou peu de candidatures féminines.
Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, quelle est votre première mesure ?
Ce serait de promouvoir les matières techniques et scientifiques auprès des filles dès le plus jeune âge et de déconstruire l’idée qu’il y a des métiers de femmes et des métiers d’hommes. Nous devons convaincre et donner envie aux filles de s’engager dans les secteurs techniques qui proposent de beaux postes, qui offrent une meilleure rémunération que la moyenne et qui sont des métiers d’avenir, en particulier dans l’industrie. Elles peuvent devenir électriciennes, informaticiennes, ingénieures, mécaniciennes ou encore soudeuses, il n’y a aucune limite et cela se joue dès l’école primaire ! Nous cherchons à rééquilibrer les viviers souvent bien trop tard. S’il n’y a pas de femmes qui font des mathématiques et de la physique au lycée, il n’y en aura pas dans les classes préparatoires scientifiques et nous ne pouvons pas demander aux écoles d’ingénieurs d’en recruter.
Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?
J’ai toujours eu le sentiment d’avoir été dans le cas inverse : je suis cheffe de service à 38 ans, c’est plutôt jeune. Être une femme a été un accélérateur de carrière plutôt qu’un ralentisseur. À certaines occasions, j’ai plutôt eu l’impression que c’était mon âge qui interrogeait. Mais rapidement, ceux qui se posaient des questions se concentraient sur la réalité du travail réalisé et j’espère que l’âge ou le genre ne comptent plus.
Une figure féminine qui vous inspire ?
J’ai eu la chance d’avoir de nombreuses supérieures hiérarchiques qui m’ont toutes beaucoup appris et dont je partageais les valeurs : avoir le sens de l’intérêt général et du dépassement de soi, faire attention aux autres et prendre en compte l’équilibre entre les vies personnelle et professionnelle, etc. J’ai également eu des supérieurs qui étaient inspirants. Si je devais n’en citer que deux, ce serait : Anne-Marie Idrac qui a été secrétaire d'État, présidente de la RATP puis de la SNCF avec quatre enfants, et Lydie Evrard qui, avec trois enfants, est actuellement Directrice générale adjointe à l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) et a été la seule femme dans les délégations de l’AIEA en Ukraine pour visiter la centrale de Zaporija, en plein conflit.
Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?
Il n’y a pas de limite ni de solution unique. Réfléchissez à ce qui est le plus important pour vous, à ce que vous avez envie de faire, à ce qui vous anime. Si vous vous en sentez capable, c’est que vous l’êtes, alors foncez !
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