Portraits de femmes de la DGE #26 : Chloé Desvilles
La Direction générale des Entreprises met à l’honneur les agentes actuelles et passées qui font la direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Chloé Desvilles, cheffe du cabinet du Secrétariat général (SG) et cheffe de projets transverse.
Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?
Le hasard ! J’avoue avoir atterri à la DGE un peu par hasard en septembre 2014, en sortie de l’institut régional d’administration (IRA) de Lille comme attachée d’administration. Je ne connaissais alors pas bien cette direction et ses missions mais force est de constater que je m’y suis beaucoup plu ! Mon parcours à la DGE a été varié en termes de fonctions : j’ai été chargée de mission, adjointe au chef de bureau et cheffe de projet et cheffe de cabinet. J’ai exercé pendant sept ans comme chargée de tutelle dans le domaine des politiques d’aménagement numérique du territoire au Service de l’économie numérique. Depuis un peu plus de deux ans, je suis au Secrétariat général, du côté des fonctions supports. J’ai également pu découvrir la diversité des secteurs d’intervention couverts par la DGE. Cette direction peut à la fois avoir la tête dans les étoiles avec l’industrie spatiale et les deux pieds sur terre avec l’économie de proximité, sans parler de toute la politique industrielle… C’est très riche ! J’ai aussi constaté l’évolution de cette direction avec la réorganisation de 2019 et la crise sanitaire en 2020 qui ont profondément transformé sa structure, son fonctionnement mais également son image et son attractivité. Si je sortais de l’IRA aujourd’hui, je pense que je ne serais très certainement pas allée par hasard à la DGE !
Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?
J’aime contribuer à des chantiers de transformation pour le SG et pour la direction. Sur mon poste actuel, j’ai piloté deux grands chantiers innovants dont les enjeux ont du sens pour moi : l’élaboration du second plan directionnel en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes pour 2023-2025 ainsi que de la feuille de route DGécoresponsable pour 2023-2024. J’ai apprécié travailler sur ces projets, nous les avons conduits en nous appuyant sur des équipes-projets et sur l’intelligence collective des agentes et agents de la direction, ce en quoi je crois énormément. Nous construisons mieux en interrogeant les besoins et en croisant les regards.
Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?
Je suis féministe. Ce n’est pas un gros mot, ni un combat d’hier. Le féminisme définit l’ensemble des mouvements qui partagent l’intérêt commun visant à définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Le monde professionnel et la répartition genrée sur le marché du travail témoignent que nous n’y sommes pas encore avec des voies professionnelles qui s’ouvrent difficilement aux femmes (filières numériques et scientifiques), une surreprésentation des femmes sur des métiers précaires et le poids de la parentalité qui contribue au plafonnement des carrières. Dans le cadre professionnel, promouvoir l’égalité femme-homme est concrètement tout ce qu’on peut mettre en place pour limiter les écarts de salaires ou garantir un accès égal aux emplois et aux carrières dans tous les secteurs.
Je suis très investie au sein de la DGE en tant que membre active de l’équipe-pilote DG’Elles, le réseau professionnel féminin de la DGE depuis fin 2021 et en tant que membre de la deuxième promotion de « Potenti’Elles » [ndlr : programme d’accompagnement ciblé de la DGE de promotions de femmes afin de leur permettre de se projeter sur des fonctions supérieures].
Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?
Indéniablement. La mise en place d’un cadre juridique a fait évoluer les structures avec des obligations légales pour produire des plans ministériels, imposer des quotas, etc. Les résultats peuvent s’objectiver rien qu’en observant l’évolution de la part des femmes sur des postes à haute responsabilité au sein du Ministère (26% de primo-nomination de femmes sur les emplois de direction en 2017, 41 % en 2021) et la féminisation des postes à responsabilité au sein de la direction (la part des femmes sur des emplois de directions est passée de 16 à 30% entre 2020 et 2022).
Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?
Il y a énormément d’actions qui sont réalisées, il faut continuer à les mettre en œuvre et surtout à les piloter de près. Je crois beaucoup à la vertu des quotas parce qu’ils obligent à mesurer et à chercher, même si j’ai également conscience de la difficulté opérationnelle que cela peut poser. Je crois aussi aux vertus des programmes d’accompagnement professionnels et du réseau, parce qu’ils permettent de s’autoriser et d’entretenir des contacts utiles, deux choses que nous oublions parfois de faire.
Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, quelle est votre première mesure ?
Le supprimer ! Idéalement, ce ministère ne devrait pas exister. C’est un sujet interministériel qui devrait irriguer tous les ministères. Mais comme il est encore nécessaire de mettre en visibilité politique ce sujet, sans doute que j’accepterais le poste pour assurer la coordination des politiques interministérielles et je mettrais en place deux premières mesures, selon moi, fondamentales à porter :
- Lutter contre les stéréotypes à l’école en mettant en place des moyens concrets pour mettre en œuvre les cours d’éducation à la vie sexuelle et affective, obligatoires depuis 2001... Il y a encore à faire au regard des enseignements du 6e rapport sur le sexisme du Haut Conseil à l’égalité qui sont désolants.
- Mieux accompagner la parentalité pour toutes et tous avec un congé paternité obligatoire parce que les hommes deviennent aussi parent. Mes échanges avec Parental Challenge m’ont beaucoup éclairée sur ce sujet.
Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?
Non, je ne crois pas que mon genre ait été une cause d’obstacle ou de frein direct dans ma carrière professionnelle. Néanmoins, quand on évolue dans des secteurs professionnels majoritairement masculins, ce qui a été mon cas sur mes premiers postes, on intègre sans doute inconsciemment le fait qu’on n’est peut-être pas à sa place. L’inverse est également vrai. Permettre la mixité dans le milieu professionnel, c’est contribuer à normaliser la place de chacune et chacun. Le fait de voir des femmes sur des postes à haute responsabilité dans ce secteur, d’avoir eu une hiérarchie – et des hommes – qui m’ont fait confiance pour prendre moi-même des responsabilités ont été deux facteurs qui m’ont aidée à me convaincre que j’avais aussi ma place.
Une figure féminine qui vous inspire ?
Jacinda Ardern, l’ancienne Première ministre néo-zélandaise, notamment pour son discours devant son assemblée annonçant son retrait de la vie politique et que j’invite tout le monde à regarder. Elle a montré que les compétences de leadership ne sont pas forcément les compétences dites virilistes et elle illustre que l’intime est politique.
Je citerais aussi Alice Milliat dont le nom est ressorti récemment alors qu’elle est morte dans l’anonymat, en 1957. Elle s’est battue pour imposer la participation des femmes aux Jeux Olympiques, contre l’avis de Pierre de Coubertin qui s’y était fermement opposé estimant qu’aux JO, le rôle des femmes devrait surtout être de couronner les vainqueurs… Alice Milliat avait déclaré : « Ils nous refusent le droit au muscle parce qu’ils veulent rester les plus forts. Mais ils auront beau faire : notre sexe aura du biceps et du jarret […] Le muscle de la femme est en route et rien de l’arrêtera, c’est moi qui vous le dis ! ».
Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?
Vous êtes à votre place. Venez muscler la DGE !
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