• Égalité professionnelle

Portraits de femmes de la DGE #25 : Emma Nekelson

La Direction générale des Entreprises met à l’honneur les agentes passées et actuelles qui « font » la Direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Emma Nekelson, chargée de mission « Concurrence et Aides d'État » au Service de la compétitivité, de l’innovation et du développement des entreprises.

Publié le : 15 jan 2024

Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?

Juriste de formation, j’ai travaillé dans un cabinet d’avocat spécialisé en droit de la concurrence des aides d’État, avec l’envie d’avoir des responsabilités et de me projeter sur le long terme. En mars 2023, je suis arrivée à la Direction générale des Entreprises, en tant que chargée de mission « Concurrence et Aides d'État », au sein de la Mission de l'action européenne et internationale (MAEI) où je réalise des analyses juridiques de projets, souvent lauréats d’appels à projets de France 2030, afin de sécuriser les financements octroyés aux entreprises.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

J’apprécie d’avoir un portefeuille varié touchant de nombreux secteurs (agro-alimentaire, nucléaire, santé, etc.) et sujets d’innovation ainsi que de recherche et développement. J’aime accompagner les entreprises et suivre leurs dossiers, avoir une plus-value et être force de proposition afin de trouver un cadre réglementaire, pour un projet spécifique, en conformité avec le droit européen. Au sein de la DGE, je travaille en mode projet et en transverse avec l’ensemble des services. Par exemple, je collabore actuellement avec la Sous-direction de la prospective, des études et de l’évaluation économiques sur le développement d’une plateforme interne « Aides d’État ».

Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?

Ces dernières années, la considération et la légitimité de la parole des femmes se sont renforcées. Cela s’illustre à de nombreux égards. Outre le mouvement #MeToo, les femmes osent plus parler et tendent à être plus écoutées. Cette libération de la parole permet de prendre avec plus de sérieux les femmes qui dénoncent des cas d’agressions et d’harcèlements sexuels, notamment en milieu professionnel. Il y a eu des progrès mais il reste encore du travail à faire, particulièrement en ce qui concerne la misogynie banalisée.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Je n’ai pas constaté de grandes évolutions depuis le début de ma jeune carrière mais des petits pas qui tendent à une amélioration collective continue.

À la DGE, parmi ce qui est mis en place, nous avons pu assister à une conférence sur le sexisme au travail, organisée par le réseau DG’Elles. Cela nous a permis de prendre conscience de l’ampleur du phénomène en France, d’avoir un rappel du cadre légal, de mesurer l’impact des objections entendues au quotidien, etc. Nous avons également pu échanger et partager nos expériences.

De manière générale, il y a une solidarité entre femmes qui se met en place. Nous sommes plus attentives aux comportements des hommes et aux cas de harcèlements, qui peuvent parfois être très discrets, ce qui permet de les détecter et de les remonter. Cela relève plus du sociétal que du droit, qui accuse toujours un temps de retard par rapport aux évolutions de la société. Faire évoluer le droit s’avère complexe, avec l’ensemble des processus législatifs que cela implique, et très symbolique, parfois la société n’est pas encore prête à le faire.

Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?

Selon moi, la meilleure manière de promouvoir la place des femmes est de garantir l’égalité en termes d’évolution de carrière et de rémunération. L’égalité salariale est un combat porté par la DGE, qui progresse mais comme dans de nombreuses entreprises, il y a encore du travail à faire. Poursuivre les efforts pour renforcer la transparence sur les critères de sélection pour obtenir un poste à responsabilité en interne, voir davantage de femmes accéder à ces fonctions pour réduire les écarts de salaire est nécessaire.

Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, quelle est votre première mesure ?

Ce que je souhaiterais mettre en place est le rééquilibrage des salaires avec une prise en compte des congés maternité dans la valorisation de la rémunération des femmes. Actuellement, en France, le déséquilibre salarial s’explique aussi pour cette raison : une femme a plus de difficultés à obtenir une promotion si elle a été en congé maternité. Il y a un travail important à faire sur ce sujet.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?

Je n’ai pas rencontré d’importantes difficultés mais, avec du recul, je me rends parfois compte que certaines situations n’étaient pas appropriées et relevaient de la misogynie banalisée comme se faire couper la parole en réunion, se voir imposer un choix qui n’était pas le nôtre, etc. J’ai parfois ressenti que l’on profitait de mon manque d’expérience pour m’imposer un point de vue qui n’était pas le mien ou m’emmener sur des voies que je n’aurais pas empruntées et qui n’étaient pas forcément pertinentes. Je pense qu’en tant que femme, des efforts supplémentaires nous sont demandés pour apprendre à faire face, à hausser le ton quand la parole nous est coupée, à revendiquer notre légitimité, etc.

Une figure féminine qui vous inspire ?

Cela dépend des moments. Actuellement, je dirais Christiane Taubira qui a été ministre de la Justice et a dû faire face à du racisme quand elle était au gouvernement. Également, Christine Lagarde qui a été ministre de l’Économie et des Finances puis la présidente du Fonds monétaire internationale (FMI) et est actuellement présidente de la Banque centrale européenne (BCE). Elle a travaillé pendant des années dans un cabinet de droit des affaires, en tant qu’avocate, puis associée, et a été confrontée à énormément de sexisme ainsi que de remarques misogynes. Deux femmes aux profils différents mais qui sont de belles figures et qui, malgré les obstacles, ont eu des fonctions prestigieuses.

Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?

Je pense que j’ai plutôt des conseils à prendre des femmes de la DGE qui sont ici depuis longtemps et ont une vie de famille ainsi qu’un poste à responsabilité.

Aux futures agentes, aux nouvelles qui prennent un poste dans une entreprise ou qui sont en début de carrière, je leur dirais que, de manière générale, il ne faut pas hésiter à être force de proposition, à savoir s’adapter et rebondir. Il ne faut pas s’arrêter à la première difficulté ni se sentir gênée de hausser le ton ou d’oser parler d’une situation qui ne nous convient pas. C’est une manière de surmonter les situations délicates et de prendre confiance en soi. Notre âge ou notre jeune expérience ne doivent pas déterminer le comportement que nos homologues ont avec nous.

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