Portraits de femmes de la DGE #18 : Marie-Dominique Furet
La Direction générale des Entreprises (DGE) met à l’honneur les agentes passées et actuelles qui font la Direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Marie-Dominique Furet, chargée de mission « réglementation en santé », du Service de l'industrie.
Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?
Je travaille à la DGE depuis le 1er septembre 2021. Mon parcours est animé par la polyvalence et la curiosité. Je suis un peu une « touche à tout ». Je suis à la fois docteur en pharmacie, docteur en droit et titulaire d’un DESS économie de la santé.
J’ai d’abord navigué du côté des Laboratoires pharmaceutiques en France et en Europe puis je suis passée dans le public en devenant pharmacien inspecteur de santé publique. Juste avant, j’avais participé à la Commission européenne à la création de l’Agence européenne des médicaments.
Comme pharmacien inspecteur, j’ai eu l’opportunité de travailler au secteur EURATOM du Secrétariat général des affaires européennes au moment de la création du projet « ITER » (et donc à la création du réacteur thermonucléaire expérimental international à Cadarache). J’ai eu la chance de travailler à l’OCLAESP (un office central de police judiciaire) au moment de l’affaire du MEDIATOR, ainsi qu’à la création du pôle santé du Tribunal de Grande Instance de Paris. Enfin, j’ai aussi exercé plusieurs fonctions au ministère de la Santé, notamment à la Direction générale de la Santé où, rattachée au directeur général, j’ai été chargée de rédiger un rapport sur la prévention des conflits d’intérêts et la valorisation de l’expertise en santé. J’ai aussi travaillé au comité économique des produits de santé et à la Délégation aux affaires européennes et internationales (DAEI).
Au regard de mon expérience dans les industries de santé, qui ont subi de nombreuses restructurations et délocalisations, je ne pouvais être que très sensible à une politique qui vise à la relocalisation de cette industrie sur le territoire national. C’est pourquoi j’ai souhaité travailler à la DGE.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?
Mon poste consiste à défendre une industrie nationale, identifiée notamment avec la crise sanitaire comme une industrie stratégique. Je suis la référente juridique de l’équipe santé. J’apporte mes connaissances et mon expérience à des collègues qui commencent leurs carrières : c’est une facette de mon métier que j’apprécie particulièrement…
Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?
C’est un enjeu majeur. On ne peut pas avoir une république démocratique, sociale et laïque si elle ne porte pas cette valeur d’égalité entre les femmes et les hommes.
Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?
C’est une bonne question parce que mon début de carrière remonte maintenant à plus de quarante ans… Je dirais que, pour moi, il y a trois changements majeurs :
- La fin du « diktat » de l’apparence : lorsque j’ai commencé à travailler, on devait s’habiller en fonction des attentes et des codes de la gente masculine. Aujourd’hui, cela n’a plus cours.
- La parité hommes/femmes est devenue un vrai sujet de politique publique. La demande pour plus de parité fait partie de la culture du monde du travail, cela n’existait pas avant. Et ce souhait semble même très naturel chez les jeunes générations.
- Les femmes qui accèdent à des postes de responsabilité peuvent désormais concilier vie personnelle et vie familiale, ce qui n’était pas évident auparavant.
Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?
Tendre vers une parité homme-femme dans les différentes entités qui composent la DGE et le ministère. En d’autres termes, lorsqu’il y a un recrutement, dès lors que les compétences requises sont attestées, privilégier le recrutement d’une femme dans un milieu plutôt masculin et inversement recruter un homme dans un milieu plutôt féminin.
Il faut vraiment que les entités opérationnelles considèrent la mixité comme un objectif à atteindre et prioritaire pour une bonne organisation. La diversité est préférable à l’uniformité.
Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, quelle est votre première mesure ?
Je commencerais par une mesure emblématique : imposer l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes qui pratiquent un sport professionnel (des accords-cadres viennent d’être signés dans le football aux États-Unis). Une sportive professionnelle a le même courage et la même abnégation que son homologue masculin. Du fait du caractère emblématique et fédérateur du sport, l’égalité salariale contribuerait à un changement de mentalité dans la société.
Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?
J’ai eu la chance d’avoir une carrière très diversifiée : j’ai travaillé avec des gendarmes, donc dans un milieu plutôt masculin mais aussi dans des secteurs plutôt féminins comme au ministère de la Santé.
Par le passé, j’ai pu entendre des propos sexistes tenus dans un cadre professionnel. Pour notre génération, c’était assez difficile de faire face et de relever haut et fort ces agissements. La nouvelle génération, elle, est capable de dire stop. Il y a des expressions ou des gestes physiques qu’on ne se permettrait plus dans le milieu professionnel aujourd’hui et heureusement !
Une figure féminine qui vous inspire ?
La capitaine Caroline Aigle qui a été la première femme pilote de chasse en France et qui était affectée dans un escadron de combat de l’Armée de l’air. C’est une femme qui avait de multiples talents : elle a fait l’X, elle était une sportive accomplie, elle était mère de famille et elle a choisi la carrière la plus dure qui soit. Elle est aussi l’une de celles qui ont permis aux polytechniciennes de porter le bicorne comme les hommes, un vrai symbole de l’égalité homme-femme ! (On en revient encore à cette question du « diktat » vestimentaire et de ce que les femmes devaient ou ne devaient pas porter).
Je pense aussi à Suzanne Basdevant-Bastid : la première femme agrégée de droit public et première femme juge dans un tribunal international. C’était une pionnière du droit international public, matière qui s’est développée au XXe siècle : c’est une très belle figure également.
Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?
Faire bouger les lignes : ne jamais hésiter à demander une promotion ou une augmentation de salaire car, après tout, nous le valons bien !
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