Portraits de femmes de la DGE #11 : Alexia Demirdjian
Afin de mettre à l’honneur les femmes qui font la DGE, la direction lance une série de portraits d’agentes passées et actuelles. Ce mois-ci, nous échangeons avec Alexia Demirdjian, directrice de projets « Innovation, numérique et data » à la sous-direction du tourisme.
Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?
Mon parcours a toujours été à la croisée de plusieurs mondes (administratif, politique, philanthropique, privé), avec, en fil rouge, l’intérêt général et l’envie de construire des politiques publiques. Au début de ma vie professionnelle, au moment de la crise financière de 2008, j’ai participé à une aventure marquante : la mise en place de dispositifs de médiation inédits à Bercy pour venir en aide à des entreprises fragilisées. Il a été passionnant de parvenir à dénouer des situations conflictuelles entre des entreprises et leur établissement bancaire ou fournisseur, simplement en réunissant autour d’une table des parties qui ne se parlaient plus ! La médiation est un formidable outil, sûrement trop méconnu et peu usité.
C’est à cette période que j’ai été amenée à travailler avec la DGCIS (Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services) - l’ancêtre de la DGE - et l’écosystème du Ministère de l’Économie et des Finances. De cette aventure de cinq années au service des entreprises, j’ai gardé un excellent souvenir ; c’est pourquoi, après plusieurs postes hors de l’administration, j’ai eu envie de revenir à cette belle expérience.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?
Je pense que l’intérêt d’un poste tient, en grande partie, à la qualité humaine des échanges que l’on peut avoir avec son équipe et ses relations de travail. Au sein de la sous-direction du tourisme, j’ai la chance d’avoir des collègues avec lesquels j’aime interagir, parfois débattre, pour toujours mieux avancer ! Ensuite, j’aime la matière même de mon poste : celle du tourisme. C’est un secteur fascinant, car il renvoie à ce que la France a de plus beau : ses paysages, sa culture, ses savoir-faire et son art de vivre. C’est précieux de pouvoir travailler au quotidien à partir de ces formidables matériaux qui donnent à la France une place si particulière dans le monde. Nous n’avons pas toujours conscience de l’importance du tourisme pour notre économie alors que ce secteur est loin d’être anecdotique : il est une véritable industrie qui représente près de 7 % du PIB et génère autant de richesses et d’emploi.
Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?
Mes parents m’ont poussée à m’accomplir et à réaliser mes aspirations, sans frein, ni apriori lié au sexe. Il me semble que les hommes de ma génération - et c’est heureux ! - ont grandi dans cette culture de l’égalité, qui m’a toujours parue naturelle. Alors, je ne me suis pas posé de questions sur le sujet au début de ma carrière. Avec le temps, j’ai découvert qu’il y avait des enjeux en termes d’égalité salariale, d’accès à des postes à responsabilité et de conciliation avec la vie personnelle et familiale. J’ai constaté l’existence de certains stéréotypes et préjugés, vis-à-vis notamment des femmes en situation de responsabilité, qui étaient le fait parfois de femmes elles-mêmes. Je pense que les valeurs féminines plus ancrées dans la collaboration sont à valoriser au sein des organisations.
Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?
Françoise Giroud écrivait que « la femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente ». Si je suis partisane de la méritocratie et de la primauté accordée à la compétence, je comprends le trait d’humour et le ton volontairement provocateur derrière cette phrase. Je constate que la proportion femmes / hommes à des postes de direction reste en défaveur des femmes. Pour remédier à cette situation, les programmes d’accompagnement, de coaching et de suivi de femmes à potentiel vont dans le bon sens. Faire émerger plus de femmes à des postes à responsabilité permettra aussi aux jeunes femmes d’avoir plus de modèles qui pourront les inspirer.
Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, quelle est votre première mesure ?
Ce serait d’introduire un congé paternité d’une durée identique au congé maternité. Bien souvent, des discriminations à l’embauche se jouent sur cette question. Je crois que ce serait un signal fort et utile.
Une figure féminine qui vous inspire ?
Plusieurs femmes m’inspirent : ce sont, pour beaucoup d’entre elles, des personnalités fortes et des aventurières. J’aime les figures qui vont au bout de leur rêves, repoussent les frontières et explorent de nouveaux mondes, au premier rang desquelles Alexandra David-Néel, parce qu’elle conjuguait érudition, aventure et exploration. Ce fut la première occidentale à entrer au Tibet dans les années 20 ! Elle a eu, à cette époque, l’audace de voyager seule et d’explorer des pays éloignés de son Europe natale.
J’admire aussi des personnalités comme Ella Maillart, skieuse, photographe, écrivaine, voyageuse, ou Edmonde Charles-Roux, résistante, journaliste et grand écrivain. Plus proche de nous, je dois le confesser, la reine Élisabeth II m’inspire beaucoup. Les qualités que je perçois de hauteur de vue, de réflexion, de considération du temps long et d’humour sont, à mon sens, trop peu répandues dans le monde actuel. [N.D.L.R. : ces propos ont été recueillis avant le décès de la reine Élisabeth II]
Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?
Je leur dirai que, dans un parcours professionnel comme dans une vie, il y a toujours des hauts et des bas, et qu’il faut savoir mépriser les hauts et repriser les bas, pour paraphraser un ancien président de la République.
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