Le vade-mecum de la gestion des flux touristiques
Vous êtes professionnel du tourisme (office de tourisme, collectivité territoriale, agence de voyages, gestionnaire de sites, hébergeur...) et vous souhaitez mieux appréhender la gestion des flux touristiques ? Ce guide est fait pour vous !
Dans le cadre de la stratégie nationale de gestion des flux touristiques, la Direction générale des Entreprises (DGE) accompagne les acteurs du tourisme, afin de préserver les ressources naturelles et culturelles, améliorer l'expérience de visite, préserver la qualité de vie des populations locales mais aussi mieux diffuser les retombées économiques. Ce guide vise à donner des clés en matière de gestion des flux, notamment via des bonnes pratiques identifiées sur le terrain.
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Flux touristiques : évaluez votre situation en vous posant les bonnes questions
Identifiez votre situation en répondant aux différentes questions sur le principe du jeu de l’oie. Il s’agit d’un exemple de questions à se poser en amont d’une mise en œuvre d’une stratégie de gestion des flux touristiques.
Flux touristiques : identifiez les leviers à actionner
Vous trouverez dans ces rubriques des exemples d'outils à actionner pour gérer les flux touristiques.
- Vérifiez la sensibilité écologique ou la capacité d'accueil avant de créer de nouveaux itinéraires ou d'orienter des visiteurs vers de nouveaux secteurs.
- Mobilisez des moyens humains adaptés.
- Planifiez et anticipez.
- Identifiez les dispositifs d'accompagnement et de financement disponibles auprès des différentes instances publiques et privées.
Pour aller plus loin :
Le prérequis à la mise en place d’une stratégie de gestion des flux, est l’observation. Pour cela, il convient :
-
d'identifier ce que l’on souhaite observer : les flux, les pratiques, les usages, etc.
-
de définir des indicateurs quantitatifs et qualitatifs pour objectiver la capacité de charge du site ou de son territoire (par exemple l’impact de la fréquentation sur la biodiversité, sur l’activité économique, sur la satisfaction du visiteur, etc.)
-
d'évaluer les besoins et coûts d’installation des outils d’observation et identifier les potentielles difficultés techniques d’implantation
-
de s’équiper en variant, si possible, les outils de comptage utilisés (enquêtes, compteurs, observation photographique du paysage, etc.)
-
de se former à l’analyse des données (par exemple via un accompagnement par des consultants).
Pour vous aider :
Porter la réflexion sur la gestion des flux à la bonne échelle de gouvernance est essentiel afin de bâtir une stratégie territoriale concertée. Un tour de table élargi aux socio-professionnels, commerçants, offices de tourisme, agents assermentés, communes, établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), Office national des forêts (ONF), Office français de la biodiversité (OFB), habitants, etc. permet d’obtenir une vision partagée pour l'avenir en bénéficiant d’une connaissance fine de l’écosystème touristique et territorial.
Lorsque cela s’y prête, il ne faut pas hésiter à dépasser les frontières administratives et inviter les territoires voisins. L’approche transversale (aménagement, culture, logement, tourisme…) est également importante. Ainsi, posez-vous la question de savoir à quel niveau piloter un « groupe de travail » ? Quelle est la bonne échelle de réflexion ? Sous quel format ?
Il convient également de réfléchir aux moyens humains et notamment l’importance d’un(e) chef(fe) de projet avec des compétences diverses en capacité d’animer et coordonner le groupe de travail.
Dans un souci de bonne gestion des flux touristiques, un travail sur l’offre touristique peut être mis en œuvre. Il s’agit de réfléchir à une stratégie de développement touristique qui allie écologie et économie via, par exemple :
- la mise en valeur des sites touristiques moins connus ;
- la redynamisation d’activités traditionnelles comme l’artisanat, les métiers d’arts, l’agriculture, etc. selon les spécificités locales ;
- la promotion des entreprises ouvrant leurs portes au public.
Ce travail permet de ne pas concentrer la politique touristique sur un lieu restreint.
Un travail peut également être mené pour inciter à rester plusieurs nuits. Enfin, favoriser les services de proximité à l’année, identifier et promouvoir les offres disponibles à l’année peut permettre de diffuser temporellement les flux lorsque cela s’y prête.
Pour aller plus loin :
Aménager les lieux touristiques peut permettre d’assurer un accueil de qualité et de contrôler les flux touristiques tout en protégeant le site culturel, historique ou naturel. Toutefois, avant de se lancer, il est important de consacrer le temps nécessaire à une réflexion globale et en concertation qui peut s’appuyer sur des études approfondies avant de décider des aménagements ou des désaménagements nécessaires.
Il peut s’agir par exemple de l’éloignement de parkings, de la création de parkings relais, de cheminements dédiés dans les espaces naturels (sentiers pédestres ou cyclables), ou encore de la création de parcours visiteurs, etc. Il est essentiel de privilégier les aménagements réversibles ou temporaires.
Il est important de sensibiliser, communiquer et/ou former :
-
les acteurs économiques car ce sont les meilleurs prescripteurs pour faire évoluer la promotion du territoire et communiquer sur les modalités de gestion des flux auprès des touristes ;
-
les habitants et les touristes pour renforcer l’acceptabilité, l’hospitalité et les bonnes pratiques ;
-
les institutionnels, la presse, les étudiants et toutes les personnes ayant un rôle à jouer dans la gestion des flux.
Voici quelques exemples de messages et informations à diffuser en amont, pendant ou après la visite :
-
sensibiliser sur la valeur et les fragilités du territoire qui est visité ;
-
les mesures de gestion des flux mises en œuvre et leur nécessité ;
-
le hors saison et ses avantages ;
-
les éco-gestes, le partage des ressources et la protection de la biodiversité ;
-
les modes de transport non motorisés et non polluants accessibles pour arriver à destination et sur place, les horaires et lieux de prise en charge des transports publics, les services à disposition, les écosystèmes présents, etc.
-
l'information de fréquentation en temps réel et prévisionnel, lorsque cela est possible.
L’objectif est de communiquer sur la meilleure manière de visiter plutôt que de dire de ne pas venir. Il est essentiel de porter un discours unifié avec l’ensemble des acteurs.
Différents leviers peuvent être activés pour communiquer, sensibiliser et former. Par exemple, via un « éductour », une réunion annuelle en amont de la saison touristique (gendarmes, pompiers, institutionnels…), un événement, une newsletter, une application mobile, une charte du visiteur, un point d’information, des actions de formation, l’accompagnement des prestataires dans des démarches qualité (labels et marques), de l’affichage ou des revues municipales, le déploiement de médiateurs, etc. La maîtrise du nudge et un travail avec un ou des influenceurs spécialisés peuvent aussi être de bons vecteurs.
Pour aller plus loin :
Afin d'identifier, requestionner ou adapter les leviers utilisés pour gérer les flux ou aller plus loin dans le traitement de cette thématique, il peut être utile :
-
d'identifier les initiatives locales positives et innovantes et dialoguer avec d’autres territoires pour échanger sur des bonnes pratiques réplicables ;
-
de faire de la veille pour identifier les nouvelles solutions innovantes ;
-
de se documenter sur le centre de ressources d’Atout France et notamment sa page dédiée à la gestion des flux touristiques ;
-
d'expérimenter les solutions identifiées.
Afin de répondre à différents enjeux tels que la diminution des gaz à effet de serre ou le désengorgement des routes et parkings, le développement des mobilités douces est un levier important. Il peut s’agir par exemple, de réfléchir à la gestion du dernier kilomètre, de relier les sites touristiques majeurs via des modes de déplacement doux ou alternatifs à la voiture individuelle, de proposer un avantage financier pour les visiteurs venant à pied ou à vélo, d’inciter les hébergeurs à prévoir la gestion du dernier kilomètre dans leur offre.
Par ailleurs, il est essentiel de porter à connaissance les modes de déplacement alternatifs à la voiture individuelle existants sur le territoire pour qu’ils soient pleinement utilisés. Par exemple, il peut être intéressant de se rapprocher d’acteurs économiques en capacité de mettre en avant les accès au lieux touristique via des mobilités douces tels que Mollow ou Hourrail.
Pour aller plus loin :
Dans certains cas, utiliser le corpus réglementaire local ou national peut permettre de maîtriser les flux touristiques.
Pour cela, il convient de se documenter sur la réglementation applicable en synthétisant la réglementation, en se formant et en échangeant avec d’autres destinations touristiques similaires. C’est un outil utilisable dans des situations particulières avec comme objectif la protection de sites touristiques.
L’intégration des habitants dans la stratégie touristique permet de renforcer l’hospitalité et l’acceptabilité du tourisme.
Différents outils peuvent être déployés tels que des consultations publiques sur les mesures de gestion des flux envisagées, des visites organisées, des réunions d’accueil des nouveaux habitants, des réunions publiques, des ateliers de travail, leur intégration dans des commissions spécifiques, des enquêtes ou sondages, etc.
Il est également important de porter à la connaissance des locaux les bénéfices du tourisme : aménagements profitables à la fois aux touristes et habitants (pistes cyclables, …) ; développement de services si disponibles toute l’année (transports en commun, commerces du quotidien…) ; programmation culturelle annuelle et pas seulement lors de la période touristique ; taxe de séjour permet d’entretenir le patrimoine, etc. Enfin, une réflexion peut être menée pour transformer les offices du tourisme en tiers lieux qui servent aussi aux habitants (espaces de coworking, ateliers, conférences, dégustations…), développer des points d’information mobiles permettant d’être présent aux événements.
Quelques clés pour gérer une situation « d’urgence »
Quels outils actionner en priorité ?
- Mobiliser l’ensemble des acteurs en préparation de saison afin de s’accorder sur une stratégie d’accueil : élus, saisonniers, prestataires de services (touristiques ou non), socio-professionnels du tourisme, forces de police, secouristes, gardes nature, acteurs de la préservation des patrimoines…
- S’appuyer sur toutes les ressources de proximité en matière de sécurisation, surveillance, verbalisation, ramassage, accueil, médiation du public… Dans le cadre d’un travail collectif de préparation de saison, cela peut par exemple se traduire par l’identification partagée de zones de stationnements temporaires sur des parcelles privées ou publiques et d’un commun accord pour leur utilisation dans le but de soulager les parkings principaux.
- Expérimenter la mise en œuvre d’outils de gestion des flux à petite échelle quelle que soit leur nature : arrêtés visant à modifier ou interdire l’accès, services de navettes, aire de covoiturage, personnel d’accueil complémentaires (sur les parkings par exemple), etc.
- Assurer une importante présence de terrain afin de renforcer la transmission des messages de sensibilisation, d’interprétation, de sécurité, et orienter les visiteurs dans leurs parcours et leurs usages.
- Communiquer et informer par de la signalétique temporaire et/ou de l'information en temps réel (Waze, Affluence, Google, etc.)
- Anticiper les effets d’une médiatisation importante du lieu par la préparation d’un kit de communication à l’intention des journalistes ou des influenceurs par exemple.
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