Portraits de femmes de la DGE #19 : Fatima Djediden
La Direction générale des Entreprises (DGE) met à l’honneur les agentes passées et actuelles qui font la Direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Fatima Djediden, chargée de mission « Transformation numérique des entreprises et industrie du futur ».
Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amené à la DGE ?
Juriste de formation, et attachée principale d’administration, je suis un pur produit de la Fonction Publique d’Etat. J’ai occupé différents postes en déconcentré pour plusieurs ministères (Justice, Intérieur, Santé puis Economie). J’étais notamment en Agence Régionale de Santé jusqu’en 2016 puis j’ai été recrutée en DREETS sur un poste lié au numérique. En parallèle, j’enseigne à l’école Polytechnique de Lille.
Particulièrement engagée dans la lutte contre les discriminations, je suis par ailleurs depuis 2009 déléguée du Défenseur des droits (DDD) et animatrice du réseau du DDD pour le Pas-de-Calais.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?
La possibilité de travailler en lien étroit avec les équipes d’administration centrale. Cela permet de confronter la vision nationale et la pratique opérationnelle de terrain.
J’apprécie aussi le fait qu’avec mes collègues, nous avons tous des profils divers et variés (juristes, inspecteurs des finances publiques, ingénieurs de l’industrie et des mines, etc.). Cette pluridisciplinarité permet d’aborder les sujets sous différents angles.
Ensuite, les thématiques que nous portons sont larges, nous avons la possibilité de définir le contour de notre poste avec une grande liberté dans les actions.
Nous pouvons ainsi monter des dispositifs qui ont un rayonnement régional. J’ai ainsi proposé de dupliquer le modèle de la Semaine de l’industrie à la filière du numérique. Du 20 au 25 mars dernier, nous avons organisé la seconde édition de la Semaine du numérique en Hauts-de-France.
Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?
Malgré un important corpus législatif pour renforcer l’égalité professionnelle, les mentalités n’ont pas encore forcément suivi.
En effet, le législateur a adopté les lois Copé Zimmerman (2011) et Rixain (2021) qui imposent respectivement des quotas de femmes dans les conseils d’administration et de surveillance et quotas dans les postes de direction des grandes entreprises, avec un objectif de(40% de femmes cadres dirigeantes d'ici à 2030
Dans le même esprit a été adoptée par le Sénat en avril dernier une proposition de loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique qui impose aux employeurs publics des quotas de primo nominations féminines au sein de 6 000 postes d’encadrement supérieur et de direction. Rappelons qu’aujourd’hui, les femmes n’occupent encore qu’un tiers des postes à responsabilité au sein de la fonction publique, alors même qu’elles représentent près des deux tiers des effectifs.
Cela illustre qu’une discrimination systémique est encore à l’œuvre dans notre société. Elle reste encore ancrée dans la manière dont les organisations mènent leurs activités quotidiennes en tant que décideurs politiques, employeurs ou prestataires de services. Elle est le produit des systèmes, des structures et des cultures que les organisations ont développés et mis en œuvre dans leur travail.
Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?
Je travaille depuis 1999, et oui, j’ai constaté plusieurs avancées : l’évolution du nombre de jours de congés pour les enfants malades, la réservation de places de crèches pour les agents de la Fonction publique, l’attestation de chèque emploi service pour les enfants de moins de 6 ans… A titre personnel, je n’étais pas concernée mais ce sont des évolutions bien réelles !
Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?
Nommer davantage de femmes à des postes à responsabilités.
Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. Quelle est votre première mesure ?
Lancer une campagne de sensibilisation sur l’égalité au travers des réseaux sociaux pour les jeunes générations.
Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?
Je ne pense pas, peut-être de manière insidieuse, mais il y a 25 critères de discrimination* donc je ne peux pas affirmer avec certitude que c’était parce que j’étais une femme.
*NDLR : Les 25 critères de discrimination interdits par la loi sont les suivants: âge, sexe, origine, appartenance réelle ou supposée à une ethnie/nation/prétendue race, grossesse, état de santé, handicap, caractéristiques génétiques, orientation sexuelle et/ou identité de genre, opinions politiques ou philosophiques, activités syndicales, croyance / appartenance réelle ou supposée à une religion, situation de famille, apparence physique, nom, mœurs, lieu de résidence, perte d’autonomie, vulnérabilité économique, capacité à s’exprimer dans une autre langue que le français, domiciliation bancaire, qualité de lanceur d’alerte.
Une figure féminine qui vous inspire ?
Fatou Bensouda, ancienne procureure générale de la Cour Pénale Internationale (CPI) de Justice, de nationalité gambienne. Issue d’une famille nombreuse, elle a grimpé les échelons un à un (en devenant magistrate puis Garde des Sceaux en Gambie avant d’être nommée à la CPI) et a beaucoup œuvré pour les femmes en Gambie. C’est une figure emblématique de la lutte pour l’égalité.
Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?
Ne pas accepter les schémas préétablis, et ne pas se sentir faible quand on défend son bon droit.
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