Le slow tourisme
Pour accompagner le développement du slow tourisme en France, la DGE propose une boîte à outils destinée aux prestataires et porteurs de projets touristiques. Cette boîte à outils, qui contient des tutoriels, vise à accompagner la transition d'activités et d'acteurs vers le slow tourisme.
Le slow tourisme, c’est l’art de voyager tout en prenant son temps, de s’imprégner pleinement de la nature qui nous entoure et de la richesse du patrimoine. C’est privilégier les rencontres, savourer les plaisirs de la table, avec le souci du respect du territoire et de ses habitants.
Les trois valeurs socle du tourisme de demain : relations au temps, à l'espace et aux racines
Le temps
Dans un monde accéléré, s’affirme aujourd’hui le besoin de retrouver un savoir-vivre qui permet de profiter des petits bonheurs et des petits plaisirs. Deux extrêmes bordent cette relation au temps : d’un côté les tenants du tout speed, accros aux outils numériques et au zapping, de l’autre les tenants de la lenteur, tendance new-age et adeptes du fait main.
Dans les faits, il s’agit de pouvoir rester maître du temps et ne pas se tromper de tempo en alternant habilement vitesse et lenteur, vitesse et efficience pour les temps contraints et subis et lenteur et jouissance pour les temps libres et choisis.
Le slow tourisme s’inscrit dans cette dimension de la lenteur, au moins pour ses composantes majeures, motifs du séjour touristique. Le slow tourisme est une réponse adaptée à cette évolution structurelle des valeurs.
L’espace
Cette valeur doit être abordée à la fois dans sa dimension d’accessibilité, à la fois dans celle d’environnement.
L’accessibilité est liée aux moyens et au temps d’accès de la destination touristique. Au cours du 20e siècle, la distance relative s’est considérablement raccourcie par le développement des transports de plus en plus rapides. Cependant, cette accélération liée directement à l’augmentation du niveau de vie atteint ses limites économiques et environnementales. Il n’est pas certain que l’on puisse poursuivre cette tendance sur le long terme même si, pour l’instant, l’heure est au low-cost et non à la baisse de cette vitesse économique.
La demande croissante de « naturalité », couplée à la prise de conscience générale des incertitudes et des menaces qui pèsent sur l’environnement, conduit à porter une attention particulière aux destinations de nature, de terroir et à leurs composantes environnementales. Favoriser l’immersion au cœur des terroirs, la contemplation, la découverte sensible et l’initiation à la nature et plus généralement aux patrimoines, encourager la consommation de produits locaux et des circuits courts... deviennent une nécessité d’une part pour répondre aux attentes des visiteurs, d’autre part pour permettre le développement d’un tourisme au profit des territoires d’accueil et des populations résidentes. Le slow tourisme en France répond en totalité à ces attentions.
Les racines, le retour aux sources
Un mouvement dynamique de « retour aux sources », de demande de repères et de différenciation est aujourd’hui profondément à l’œuvre en réaction aux dégâts causés par la mondialisation, en parallèle des prises de consciences écologiques, environnementales et sociales.
Après la standardisation des mœurs, de la nourriture et de la mode, est en train d’arriver le temps de l’affirmation de soi, de la remise au goût du jour des coutumes locales, d’une promotion assumée d’authenticité, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne, et du rejet de cette standardisation qui a marqué nos sociétés depuis les années 80. Le besoin d’authenticité, de se doter de nouveaux repères de proximité, de nouvelles identités locales et régionales plus vraies, singulières, simples et ouvertes à l’autre s’affirme. La recherche de cadres « identitaires » positifs, à échelle humaine, est une réalité pour des séjours touristiques qui doivent permettre de vivre à la fois une aventure maîtrisée, une découverte partagée et des émotions. Le slow tourisme en France répond à ces aspirations.
Slow tourisme : définitions
Le slow tourisme est donc ce tourisme du temps choisi, garant d’un ressourcement de l’être (pause, déconnexion, lâcher-prise, mais aussi bien-être, temps pour soi, santé), peu émetteur de CO2, respectant l’écosystème du territoire d’accueil et synonyme de patience, de sérénité, d’améliorations des connaissances et des acquis culturels.
Pratiquer le slow tourisme n’est pas seulement un choix, c’est également une conviction pour la plupart des voyageurs, dont les motivations se traduisent souvent par le besoin de :
Renouer avec ses origines en s’immergeant au cœur des territoires.
Pratiquer un tourisme écologique en réduisant l’impact de ses déplacements, en privilégiant les mobilités douces, non polluantes, en favorisant la biodiversité et le respect des patrimoines existants.
Permettre des rencontres et partager les modes de vie des populations locales.
Vivre une expérience riche des valeurs partagées, des activités pratiquées, des rencontres réalisées et des émotions ressenties.
De nature « extraordinaire », l’expérience slow touristique répond à la demande du consommateur actuel. Elle surprend, lui donne de l'émotion, mobilise ses cinq sens, le rend acteur de ses instants, lui permet le partage au sein d'une « communauté », l’initiation et l’immersion.
En outre, proposer de vivre des expériences slow touristiques est un moyen, pour un acteur ou un territoire, de se démarquer sur des marchés touristiques de plus en plus concurrentiels, en s’appuyant sur des composantes uniques et singulières.
Le slow tourisme s’appuie sur l’expérience et s’inscrit donc dans un tourisme de biens rares accessibles au plus grand nombre, complémentaire au tourisme de masse.
Le slow tourisme en France
Le slow tourisme en France doit proposer au visiteur de vivre une expérience unique, immersive, révélant l’âme du territoire de séjour, reflet des composantes du tourisme national.
Ainsi, la France est constituée d’une mosaïque de territoires touristiques originaux et singuliers, qu’il s’agit de révéler et de valoriser à travers le slow tourisme :
- les patrimoines naturels et la biodiversité ;
- les patrimoines culturels : sites patrimoniaux emblématiques ou patrimoine vernaculaire ;
- l’œnotourisme, la gastronomie à la française, le repas des Français classé à l’UNESCO ;
- les savoir-faire d’exception ;
- les fêtes et les traditions de terroir ;
- la grande Histoire et les histoires locales.
Une offre qui a du sens
Ce n’est pas nécessairement élaborer un « package » pour un séjour slow tourisme « tout compris ». Il s’agit plutôt de qualifier sa propre prestation et de travailler en réseau de manière à pouvoir sélectionner à bon escient les partenaires de la démarche du slow tourisme en France, présents sur le territoire.
C’est se positionner volontairement sur le slow tourisme en France et donner la possibilité au visiteur de se constituer un produit journée ou un séjour slow tourisme, qualifié, à la carte, modulable, adaptable, personnalisable, accessible (physiquement et commercialement).
- Porter attention à la gestion des temps personnels, des temps choisis, qui permettent le ressourcement. Cela se traduit concrètement par l’aménagement de temps de pause, de déconnexion, de lâcher-prise, mais aussi par des propositions de prestations qui permettent le bien-être (soin du corps, détente, relaxation…), le temps pour soi (retraite, lecture, silence, voie intérieure), la santé (nourriture saine et légère, activités douces adaptées, qualité de l’environnement…).
- Valoriser la sobriété, la modération, l’anti-gaspillage. On encourage le consommer autrement, on valorise la frugalité, les circuits courts, le consommer local.
- Permettre et favoriser les rythmes lents, encourager la pratique des mobilités douces (pour les déplacements en transit et pour les déplacements sur place) et participer ainsi à la réduction des émissions de CO2 et des polluants.
- Respecter la biodiversité et les patrimoines locaux.
- S’inscrire dans le respect des populations et des territoires.
- Favoriser la participation active du visiteur.
- Assurer un accueil bienveillant, des temps de rencontres et de partages (discussions et échanges…) mais aussi concevoir des tiers lieux, où « se frotter » au local, et des lieux mixtes où se développent des activités interactives et polyvalentes.
- Privilégier les approches sensorielles, sensuelles : la culture et la nature autrement.
- Permettre l’immersion, l’initiation, la découverte, sans exclure un usage raisonné de l’innovation, de la modernité, de l’utilisation des outils contemporains (numérique…), et sans oublier la possibilité de détox numérique.
- Porter attention à l’intensité, à la personnalisation de l’expérience ainsi qu’à l’expression des spécificités locales.
Pourquoi s'engager dans le slow tourisme ?
Votre projet porte avant tout vos valeurs et vos convictions profondes, sociétales, écologiques, philosophiques. Vous souhaitez construire et faire partager un mode de vie à l’opposé d’un tourisme de masse, en rupture avec la sur-fréquentation de certains spots touristiques.
Dans un monde en évolution et marqué par l’hyper concurrence, il s’agit pour chaque entreprise et prestataire touristique de se positionner durablement, de s’adapter aux clientèles et de se qualifier. Il s’agit également de mettre en avant la notion d’hospitalité, c’est-à-dire une intention sincère portée aux visiteurs en remettant l’humain au cœur de la chaîne de valeurs.
Pour répondre aux attentes des visiteurs, il s’agit de personnaliser l’offre pour chaque client (visiteur, hôte) en tenant compte des origines (marchés), des segments (familles, seniors, jeunes...) et des profils de vos visiteurs.
Pour s’engager dans le slow tourisme, tourisme de conviction et d’écoute, chaque acteur doit ainsi se poser quelques questions simples dont les réponses formulées l’aideront à orienter son offre : qu’ai-je envie de partager, de transmettre ? De quoi suis-je le vecteur ? En quoi mon offre est-elle porteuse de sens ?
Le slow tourisme en France permettra de réinventer les offres existantes, de les renforcer en leur donnant du sens et de les qualifier.
Les clientèles de demain : éléments de prospective
Un constat : 95% des touristes se rendent sur 5% de la planète. Nous étions 1,5 milliard de touristes en 2019, un nouveau record. Pourtant depuis de nombreuses années, plusieurs enquêtes réalisées auprès des visiteurs font apparaître une part croissante de déclarations d’intention, voire de pratiques effectives, qui confirment la réalité de la demande pour un tourisme différent, qualitatif, original, hors des sentiers battus, respectueux des populations et des territoires, un tourisme de «biens rares» cohabitant avec le «tourisme de masse». Les études pointent toutes l’essor des destinations alternatives comme une des tendances marquantes des années à venir.
Ainsi, d’après un sondage mené par Booking au niveau mondial, les touristes sont en recherche d’expériences, d’unicité, d’enrichissements, de variété d’activités et de tourisme durable.
- 54 % des touristes souhaitent jouer un rôle dans la réduction du tourisme de masse (56% chez les 18-25 ans) ;
- 62% des touristes interrogés veulent faire un voyage au cours duquel les déplacements font partie intégrante de l’expérience de séjour ; les voyageurs souhaitent favoriser des approches curieuses et insolites ;
- 71% des voyageurs indiquent que goûter la gastronomie locale est important pour eux.
Du point de vue des valeurs et des caractères, l’Homo Touristicus devient :
- plus expert (en moyenne, 85% des touristes préparent leurs séjours via internet et les réseaux sociaux),
- plus curieux (85% souhaitent profiter des vacances pour se cultiver et s’instruire),
- plus citoyen (87% ne souhaitent consommer que des produits locaux et 62% consommer biologique),
Et du point de vue des comportements et des pratiques, l’Homo Touristicus devient :
- plus explorateur (79% sont attirés par une destination France, mais 76% rêvent d’exotisme et souhaitent visiter de nouveaux pays encore inaccessibles),
- plus en immersion (80% pensent que les vacances chez l’habitant seront de plus en plus fréquentes),
- tous se déclarent très sensibles au ratio qualité, valeur/coût, temps
Lancer une offre de slow tourisme : à qui s'adresser ?
En ce qui concerne les supports et les dispositifs en cohérence avec le slow tourisme en France, nous pouvons identifier les marques et les labels nationaux suivants (liste non exhaustive).
Les labels du patrimoine gourmand
- Labels AOC / AOP
- Les Sites Remarquables du Goût
- Les Maîtres restaurateurs
Les labels des savoir-faire artisanaux
- Meilleur Ouvrier de France
- Maître d’Art
- Entreprise du Patrimoine Vivant
Les labels caractérisant les patrimoines naturels
- Les Parcs Nationaux
- Les Réserves Naturelles
- Les Parcs Naturels Régionaux (PNR)
- Le Réseau des Grands Sites de France
- Le Pavillon bleu
Et au niveau mondial :
- Les sites Géopark
- Les Réserves de biosphère
- Les sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO
Les labels qui signalent des hébergements touristiques en conformité avec les valeurs portées par le slow tourisme
- L’éco-label européen
- La Clé verte
- Les Gites Panda
- Les Hôtels au naturel
- Les campings Huttopia
- Les fermes-gîtes Accueil Paysan
- Bienvenue à la ferme
- Accueil Vélo
- Rando Accueil
Les labels concernant les patrimoines culturels
- Les Villes et Pays d’Art et d’Histoire
- Les Monuments historiques
- Les Itinéraires culturels
- Les Routes labellisées
D’autres labels intéressant le tourisme, souvent infra nationaux, ou privés
- Les Plus beaux villages de France
- Les Petites cités de caractère
- Les Stations vertes
Les labels transversaux qui qualifient des activités et des prestations « durables »
- Green globe
- Écolabel européen
Les structures institutionnelles capables d’accompagner votre démarche
Il convient de vous rapprocher de celles présentes ou intervenant sur votre territoire et qui œuvrent pour le développement du tourisme et/ou pour la valorisation et le respect de ses patrimoines.
Exemples :
- au niveau local et territorial, les offices de tourisme, les maisons de pays, ainsi que les structures qui gèrent localement des sites et des patrimoines possédant les labels précités ;
- au niveau départemental, les agences de développement touristiques (ADT), les conseils d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE), ainsi que les structures qui gèrent au niveau du département des sites et des patrimoines possédant les labels précités comme par exemple, le label « Village et Cité de caractère » ; les chambres consulaires et les fédérations professionnelles ;
- au niveau régional, les comités régionaux du tourisme (CRT), les directions régionales des affaires culturelles (DRAC), les directions régionales de l’environnement (DIREN).
Les acteurs de votre territoire avec qui travailler
Il convient de, petit à petit, constituer un réseau d'acteurs partenaires, partageant les valeurs et engagés dans la démarche du slow tourisme en France. L'objectif est en effet, à terme, de "tenir la promesse client" et de proposer non plus seulement votre offre slow tourisme, mais bien un ensemble de prestations qualifiées slow tourisme sur votre territoire. La mise en réseau des acteurs du slow tourisme en France permet également de proposer aux interlocuteurs institutionnels, chargés de la communication et de la promotion, un regroupement d’offres qualifiées et clairement positionnées.
Les professionnels du slow tourisme : caractéristiques et profils
Des statuts, des tailles, des chiffres d’affaires très variés
- En termes d’effectifs (de 1 à une cinquantaine de salariés).
- En termes de statuts (SARL, Association inscrite au Registre du commerce, exploitations agricoles, SCOP, EPIC…).
- En termes de chiffres d’affaires (de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers d’euros par an).
Souvent une origine commune dans un projet de vie
Qu’elles soient individuelles ou collectives, qu’elles débutent par un faible ou plus substantiel apport de capitaux financiers, les initiatives sont liées à un phénomène de projet de vie, de changement de vie. D’emblée l’identification du projet touristique est donc puissante avec la vie personnelle de l’entrepreneur. Ceux qui accueillent incarnent des aspirations fortes des visiteurs, le changement de vie, le retour aux sources, le temps retrouvé.
Un ressenti très fort aux mutations du secteur touristique et au-delà
Les entrepreneurs sont souvent des pionniers. Ils semblent à l’affût des tendances sociétales et les maîtriser. On observe des éléments récurrents : une attention à la recherche de l’alimentation saine, au bien être, au contact avec la nature, à l’écoconstruction, à la mobilité douce, à la rencontre concrète. Ils ont conscience de la nécessité de maîtriser les nouveaux moyens de communication et de vente qui permettent de ne plus passer par des intermédiaires.
Mais un manque de repères
C’est tout le problème de la nouveauté. Les porteurs sont souvent solitaires et incompris. Leur accès au crédit est difficile sauf dans les cas de co-portage public ou de mise de fonds personnelle très importante. Sur des activités très nouvelles, en particulier sur l’itinérance, c’est un challenge difficile.
L’importance du réseau
Il s’avère capital pour les entreprises d’être parfaitement insérées dans un tissu local mais aussi dans un regroupement de structures pouvant, y compris à l’échelle macro régionale, nationale, voire internationale, avoir des intérêts communs. La plupart d’entre elles développent des synergies locales avec d’autres acteurs privés ou publics. Elles ont conscience du poids des plateformes d’avis dans un monde de marketing digital qui aiguillent les choix des clients.
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