Portraits de femmes de la DGE #27 : Charlotte Marelli
La Direction générale des Entreprises met à l’honneur les agentes actuelles et passées qui font la direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Charlotte Marelli, coordinatrice structurelle au Service de l'économie numérique (SEN).
Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?
Curieuse du fonctionnement des politiques publiques, j’ai évolué dans les affaires publiques dans de grands groupes du secteur privé avant de me diriger vers l’administration. Intégrer la DGE était une évidence, de par son lien avec les entreprises et son avant-gardisme sur le mode projet, et le SEN une suite logique en raison des sujets traités que je connaissais déjà bien. Depuis mars 2023, je fais de la coordination et travaille en position transverse au sein de mon service mais aussi avec les autres sous-directions de la DGE.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?
Ce que j’apprécie le plus est la transversalité de mon poste. Pour un premier poste à la DGE, la transversalité est un atout pour assimiler le fonctionnement de la direction et se projeter. J’aime être au contact des équipes, travailler sur des sujets variés et au cœur de l’actualité tout en contribuant à l’impact de nos projets.
Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?
Le sujet a gagné en visibilité et en importance. Certaines problématiques qui étaient rarement abordées voire taboues ont été mises en lumière et ont rendu le personnel plus attentif dans le milieu professionnel en suscitant le débat. Je pense notamment à la vague #MeeToo, aux sujets de harcèlement et de discrimination, etc. Pour autant, nous connaissons encore des polémiques : l'incident autour de la robe de Cécile Duflot en séance publique illustre que les réactions machistes perdurent. Le mansplaining en réunion ou le manspreading dans les lieux publics persistent également.
Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?
En moins de dix ans, les indicateurs de suivi en témoignent, il y a eu des progrès : les femmes accédant à un poste de dirigeante sont plus nombreuses et l’écart de rémunération diminue. Toutefois, l’égalité salariale semble arriver assez tard dans les parcours féminins et pas dès la prise de poste. Je constate également que je participe moins à des réunions où je suis la seule femme, même si nous restons en minorité. J’ai conscience que ce n’est pas uniquement une question de recrutement, les quotas sont mis en place pour cela, les femmes sont moins incitées à se diriger vers des postes techniques et occupent souvent des fonctions supports, par exemple. De manière générale, il reste encore des marges de progression.
Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?
Ces portraits sont très utiles et j’en étais moi-même lectrice avant de venir à la DGE ! Ils donnent à voir des diversités de parcours qui sont inspirants. Les réseaux et le programme de mentorat vont dans le bon sens, même s’il faut également sensibiliser les hommes pour permettre l’égalité et garder la mixité en tête. DG’Elles a organisé un événement sur le syndrome de l’imposteur, il y a quelques temps. La communication était très bien tournée et a permis d’attirer des agentes qui ont tendance à s’auto-censurer, par gène ou par timidité. Ce n’est pas évident d’aller chercher des personnes mais ce réseau féminin fonctionne. Dans le milieu professionnel et même en-dehors, les hommes ont toujours joué de leur réseau et savent très bien le faire, les femmes doivent s’inspirer de ces pratiques en misant sur la sororité.
Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, quelle est votre première mesure ?
Lors de l’arrivée d’un enfant, j’instaurerais le passage à la semaine de quatre jours pour les deux parents, à minima la première année. Des entreprises le font dans le secteur privé, je connais des femmes qui en ont bénéficié et dont les retours sont très positifs. C’est également le cas de celles qui ont choisi de passer à 80% et de sacrifier une partie de leur salaire. Cela permet d’alléger le poids de certaines contraintes comme obtenir une place en crèche ou en garderie. Ces femmes ont la possibilité de passer plus de temps avec leurs enfants mais aussi de prendre du temps pour elles. Ce n’est pas toujours facile d’allier cela avec un rythme professionnel si la flexibilité des horaires de travail n’est pas possible. Il ne me semble pas que ce genre de mesure ait été mise en place pour les hommes mais, selon moi, les congés maternité et paternité sont la genèse de l’égalité. Avec les répercussions que cela a sur la carrière professionnelle des parents, des femmes surtout, dans les relations entre les parents et les enfants, si nous ne n’y intéressons pas dès le début, la suite ne peut qu’être biaisée.
Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?
J’ai eu la chance d’évoluer dans des environnements bienveillants, avec des managers de premier niveau qui traitaient les agents de manière indifférenciée et non en fonction du genre. Dans les cas de harcèlement, des structures ont été mises en place mais cela reste difficile de passer le cap du signalement, d’autant plus si l’harceleur est un manager direct : la crainte de répercussions est plus importante. Au sein de mon service, les agents savent que ma porte est ouverte et qu’ils peuvent venir se confier peu importe le sujet, pas uniquement sur les questions de genre ou de politique RH.
Une figure féminine qui vous inspire ?
Jacinda Ardern, l’ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande pour la réalité de ce que son parcours a montré : une normalisation voire une humanisation des dirigeant(e)s politiques. Son arrivée à la tête du gouvernement avait créé la surprise : propulsée candidate de son Parti deux mois avant le scrutin, sans avoir exercé de fonctions ministérielles, elle a pris son poste enceinte et a été la plus jeune Première ministre de ce pays. Elle a été la seconde cheffe de gouvernement au monde à accoucher en poste et la première à prendre un congé maternité de six semaines. Elle a assisté à l’assemblée générale des Nations unies avec son bébé et est devenue l’une des premières femmes dirigeantes à amener son enfant sur son lieu de travail. Elle a quitté ses fonctions, sans dissimuler son émotion et en avouant être arrivée « à bout », preuve d’une certaine humilité et transparence. Cela a été le cas, récemment en France, avec Catherine Guillouard qui a quitté la présidence de la RATP afin de s’occuper de sa famille. Je pense que toute la société à apprendre de tels exemples à ces niveaux de responsabilités.
Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?
Ne vous auto-censurez pas, beaucoup de choses sont possibles en rêvant, en osant et en allant frapper aux bonnes portes. Au pire, on nous dira juste « non » !
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