Ambition pour l'industrie
La France a initié un mouvement de réindustrialisation inédit qui se traduit depuis quelques années par des créations emplois et d’usines sur le territoire. Alors que le mouvement de désindustrialisation en cours depuis les années 1970 touchait l’ensemble des pays développés, la France est parvenue à renverser cette dynamique. Ceci grâce à une politique ambitieuse de baisse du coût du travail et de la fiscalité pesant sur les entreprises, de soutien à l’innovation et à l’adoption de mesures favorables aux implantations industrielles, notamment dans le cadre de la loi industrie verte.
Les années 2022 et 2023 ont ainsi été marquées par un nombre record d’usines ouvertes, avec respectivement 176 et 189 ouvertures nettes. Ce sont aussi 130 000 créations nettes d’emplois qui sont intervenues dans l’industrie depuis 2017, dont 28 000 en 2023.
Au premier semestre 2024, la dynamique de réindustrialisation se poursuit mais montre quelques signes d’essoufflement. Le solde entre les créations et les fermetures d’usines reste positif, avec 36 ouvertures nettes, mais progresse moins rapidement que les années précédentes et reflète des divergences sectorielles importantes. Ainsi, l'industrie verte (+21) et les biens de consommation (+16) gardent un rythme soutenu en matière d'ouvertures et extensions d'usines. 60 % des implantations industrielles concernent la filière des énergies renouvelables (batteries, photovoltaïque, pompes à chaleur, éolien, hydrogène). Les transports décarbonés restent aussi dynamiques avec des lancements d'usines.
Certains secteurs, comme l’automobile, sont en revanche confrontés à des enjeux de transformation majeurs, comme l’électrification, et exposés à une concurrence internationale dérégulée.
Si certaines filières connaissent des difficultés, les fondamentaux de l’économie française restent solides.
L’attractivité de la France s’est redressée. Depuis 2019, la France se classe première du Baromètre de l’attractivité EY en Europe, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni, y compris pour les investissements manufacturiers.
La croissance économique de la France tient (1,1 % en 2024) et l’inflation est maîtrisée.
Par ailleurs, les créations d’entreprises continuent d’augmenter en 2024 (+6 % par rapport à 2023 au global) à des niveaux très largement supérieurs au nombre de défaillances mensuelles. 90 000 entreprises sont ainsi créées chaque mois en 2024 contre 70 000 sur la période 2017-2021. L’emploi salarié du secteur privé est en outre quasi-stable au T3 2024 au même niveau qu’un an auparavant (- 4 900 emplois) et est supérieur à celui d’avant la crise sanitaire (fin 2019) de 5,6 %.
L’augmentation du nombre de défaillances traduit donc d’abord un phénomène de rattrapage.
Le nombre de défaillances d’entreprises a chuté en 2020 et 2021 en raison du niveau important des aides versées aux entreprises pour faire face à la crise sanitaire. Il connaît depuis une remontée depuis 2022, probablement par un effet de rattrapage lié au Covid, et a rejoint son niveau pré-crise en 2023. Cette remontée tend néanmoins à ralentir sur les derniers trimestres. Le tissu productif français est par ailleurs resté dynamique en 2023 et 2024.
Les défis de l’industrie sont nombreux. La compétitivité et l’attractivité sont plus que jamais des enjeux clés pour les industriels français, qui sont particulièrement exposés aux politiques commerciales américaine et chinoise interventionnistes et offensives.
Les facteurs d’incertitude liés à l’environnement géopolitique pèsent également sur le climat des affaires.