Les femmes de la DGE, portrait #17 : Catherine de Mazancourt

La Direction générale des Entreprises (DGE) met à l’honneur les agentes passées et actuelles qui font la Direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Catherine de Mazancourt, chargée de mission électronique, sous-direction du spatial, de l’électronique et du logiciel.

Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?

Après un début de carrière au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), j’ai passé un DEA de droit des affaires pour revenir au CEA sur des fonctions de juriste-contrat spécialisée en propriété industrielle.

Ces dernières années, j’étais responsable du bureau des accords pour le laboratoire d’électronique et de technologie de l’information du CEA (LETI). J’aimais beaucoup essayer de comprendre les besoins de mon équipe, faire progresser les personnes selon leur  potentiel, transmettre ce que je savais, et écouter les expériences des autres. En revanche, le côté « administratif » du management commençait à me peser, et l’envie m’est venue de faire autre chose.

J’avais travaillé dans un environnement passionnant, très mouvant et varié, avec des startups, des grands groupes, des laboratoires académiques ou industriels, français, européens, américains, japonais… La seule facette que je n’avais pas encore abordée était la conception de politiques publiques. C’est ainsi que j’ai postulé à la DGE, ou je suis désormais depuis deux ans chargée de mission au Service de l’économie numérique.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

C’est le positionnement qui me permet d’être là où les grands programmes structurants dans le domaine de l’électronique sont conçus. C’est exactement ce que je recherchais. Il m’a fallu du temps pour bien appréhender mon environnement quotidien, différent du CEA, mais j’ai pu ainsi tester mes facultés d’adaptation, ce qui était l’un des défis de ce poste !

Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?

Lorsque j’ai commencé à travailler dans les années 1980, j’ai pris un poste de cadre à 25 ans, dans un environnement où la majorité de mes collègues étaient des hommes bien plus âgés que moi. Et ces 10 dernières années, j’ai évolué dans une équipe de juristes avec 95% de femmes de plus en plus jeunes. J’ai eu la chance de travailler avec des personnes attentives, compétentes, qui avaient le souci de transmettre leur expertise, d’échanger, pour mieux travailler ensemble. Au bilan,  je trouve qu’on gagne toujours à avoir des équipes mixtes, aux parcours variés car cela permet une diversité de points de vue et de façons d’appréhender les situations.

Les choses ont beaucoup évolué sur le plan sociétal depuis la fin des années 70. Les femmes de ma génération peuvent travailler tout en ayant une vie de famille et les mentalités ont changé : je me souviens très bien des manifestations au moment de la légalisation de l’avortement et de la contraception, du développement du planning familial et du combat mené par les féministes dans ces années-là…

Cela dit, sur le plan professionnel, encore aujourd’hui, il me semble que ce sont plus souvent les femmes qui suivent leur conjoint que l’inverse ; et lorsque les enfants sont là, et même si les papas sont plus présents, les femmes sont les premières à réduire leurs loisirs et aménager leurs horaires pour s’occuper de l’organisation de la famille et du foyer.  

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Oui et par exemple l’apparition du congé paternité. C’est un grand changement de mentalités et un « plus » pour tout le monde ! Ensuite, j’ai vu de plus en plus de femmes avoir une carrière, monter en responsabilités et dans la hiérarchie même si elles sont encore minoritaires dans les postes de direction. Il y a eu aussi une prise de conscience et le développement d’une politique volontariste dans le recrutement : les organisations ont maintenant davantage la préoccupation de recruter plus de femmes pour plus de parité, notamment dans les secteurs scientifiques.

De façon structurelle, j’ai aussi constaté qu’on se souciait de plus en plus, dans les politiques publiques, du développement des systèmes de garde d’enfants, crèches et nounous : ce sont des avantages non négligeables qui peuvent aider les femmes à travailler. C’est grâce à l’existence de ces systèmes d’aide que j’ai pu continuer à travailler et avoir 3 enfants.

Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?

L’existence de réseaux féminins comme DG’Elles est très utile ! Et au-delà, les managers doivent pouvoir faire confiance aux femmes – et faire preuve de compréhension. On ne peut pas prévoir à l’avance les maladies des enfants, les absences des nounous… Il faut de la souplesse.

Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. Quelle est votre première mesure ?

Développer les systèmes de garde et maintenir les soutiens financiers à ces systèmes. Il faut que les femmes et les hommes puissent travailler et avoir une famille sans différence entre les deux. Pouvoir confier ses enfants à des personnes compétentes et de confiance pendant que l’on travaille est essentiel, et a fortiori lorsque l’on est une femme seule.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?

Non,  je n’ai jamais eu l’impression d’avoir été considérée avec condescendance ou d’avoir droit à des traitements particuliers parce que j’étais une femme. Je n’ai pas non plus été victime de sexisme ou de harcèlement.

Une figure féminine qui vous inspire ?

Marie Curie (1867-1934) car il faut la repositionner dans son époque : ce qu’elle a fait est remarquable. Professionnellement, elle a accompli des choses extraordinaires tout en ayant deux enfants. Et aussi Simone Veil (1927-2017) : elle a défendu de façon incroyable la loi sur l’avortement,  et exercé des postes à responsabilité de très haut niveau sans renoncer à ses valeurs humanistes.

Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?

Je dirais qu’il faut faire du mieux qu’on peut : nous ne sommes pas des superwomen, on ne peut pas être parfaite tout le temps et être sur tous les fronts. Ce qui compte à mon sens, c’est d’essayer d’agir en cohérence avec ce que l’on ressent profondément, que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle.

Mis à jour le 19/04/2023

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